Prix Goncourt

Alors que je poireautais à La Poste, j'ai imaginé la trame d'un roman qui aurait pour titre :
"L'ultracretindarianisme en marche". 
L'histoire se passerait à des années-lumière, sur Cretinos, peuplée par une espèce considérée par elle-même comme intelligente. Celle-ci représenterait 0,01 % de la vie sur cette planète et aurait éliminé 83 % des autres espèces vivantes. Pour améliorer la situation et exorciser ses congénères devenus complètement amorphes, un évêque casqué larguerait de l’eau bénite depuis un héli­­co­­ptère. Par souci de son prochain, on distribuerait des comprimés d’iode à tous les Cretins et Cretines vivant jusqu'à 20 kilomètres autour des centrales nucléaires. L'idéologue à l'origine de cette brillante idée se verrait décoré du prix Nobel de chimie. Un scientifique aux cheveux très longs et une jeune autiste Asperger, respectivement déguisés en Pocahontas et en Scrat, entameraient une grève de la faim devant Carrefour Market, dans l'indifférence générale. Alors que vers le milieu du livre, une pétition pour le retour de l'ancienne recette des Figolu recueillerait plus de 7 000 signatures sur Internet en un temps record et - contre toute attente - changerait radicalement la politique culturelle de Cretinos. Un nouveau-né se verrait alors prénommé Figo-Lulu.e toutes les minutes par des parents persuadés d'avoir créé un jeu de mots inclusif génial, qui rendrait immanquablement leur progéniture unique et vouée à un grand destin de complotiste surdiplômé(e) et antivax. Le Graal.
Un Cretin célèbre verrait sa fortune dépasser les 100 milliards de dollars et, sous le choc, le centimilliardaire ne ferait rien pour sauver son espèce. Il serait invité dans une émission de télévision animée par un chacal au rire de hyène, afin d'expliquer aux téléspectateurs qu'il ne suffit pas d'être riche pour être heureux, que les imposés sur la fortune ont aussi le foie gras et des rhumatismes cardiaques, leurs propres angoisses existentielles et qu'il est cruel de les critiquer sans connaissance de cause. Heureusement, un autre Cretin - sans doute un poète - commercialiserait un bracelet électronique capable de balancer 350 volts à tous ceux - consentants - qui s'écarteraient de la pensée unique, du droit chemin et abuseraient de la malbouffe. Il recevrait le prix Nobel de littérature, clouant au pilori un Christophe Maé toujours à la recherche du bonheur.
Attention ! SPOIL !
À la fin du roman, Cretinos serait sauvée in extremis de l'apocalypse par des hordes d'adolescents boutonneux, aux cheveux lissés, à la denture parfaite et à la bouche en Q de poule, qui massacreraient les professeurs compétents à coups de joysticks, tout en filmant leurs prouesses avec leur mégatéléphone ultraportable à 1 200 €, sous les encouragements de leurs parents décérébrés par des décennies de surconsommation de sucres cachés dans les plats de Bernard Canetti, devenu ministre du Métabolisme lent de Cretinos après avoir gagné une course en sac sur une autre planète aujourd'hui disparue.
Un Cretin extrémiste serait élu après la transmission en direct sur tous les réseaux sociaux de sa 143e opération chirurgicale réussie pour ressembler à son profil Snapchat. Toutes les universités de la planète seraient alors dirigées par les étudiants eux-mêmes, tous reçus au baccalauréat avec la mention très bien et les félicitations du jury, et hiérarchisés en fonction de leurs mauvais résultats à des tests de QI ; le WESHWESH-IV.
L'heure de l'abolition du Second degré, le retour de l'Inquisition, de la Morale et de la Loi du talion aurait sonné. Les habitants de Cretinos vivraient alors heureux, se marieraient, mais n'auraient pas de nombreux enfants, à cause de la stérilité galopante due aux hormones de pangolins contenues dans l'eau potable vendue dans des bouteilles en plastique hors de prix par le monopole d'Amazon.
Le mot "beauté" disparaîtrait des dictionnaires, en même temps que les dictionnaires, l'Esprit critique, l'orgasme, les musées et les macarons au citron vert de chez Ladurée.
Si avec ça je n'ai pas le prix Goncourt ! 🤪