Simone

Portrait

La candeur est souvent moquée en ce monde, comme s'il s'agissait d'un défaut. Comme si avoir une âme désintéressée relevait uniquement de l'inexpérience, d'un vécu trop léger. On parle de la candeur des enfants, en les excusant avec un air attendri, comme pour mettre en exergue l'ineptie de la candeur de certains adultes. Foutaise ! Aigreur !
Simone a de la candeur en elle. Elle ressemble à la description que Voltaire fait de Candide : "Sa physionomie annonçait son âme".
Tout est douceur chez Simone : sa petite voix en arpège, sa démarche souple, presque aérienne, son amour maternel, son regard sur le monde, sur les autres, son invincible optimisme. Cette façon de braver les tempêtes en se réchauffant au moindre rayon de soleil, comme un petit lézard sans écailles. Simone ne voit pas le verre à moitié plein, pas seulement, elle trouve instantanément comment le remplir : avec une phrase gentille, en désignant l'autre versant de la montagne - celui qui est éclairé, en tirant du positif de chaque événement ; avec une intelligence de la situation que je lui envie souvent.
Elle est une belle rose ; celle du Petit Prince, mais sans les épines. Elle aurait pourtant eu quelques raisons de flétrir comme un coquelicot, mais elle a fait le choix d'ajuster ses pétales, un à un. Et continue de ne voir qu'avec le coeur (en même temps, elle est super myope ! 😁)
Elle est coquette. Elle ne s'habille pas, elle revêt des toilettes. Et quand elle se rend dans un salon de la BD, elle incarne involontairement un personnage d'Édika.
Je vous raconte !
Un dimanche, ma Simone prend le RER et s'en va rencontrer des auteurs. Elle fait la queue pour se faire dédicacer un album, en se disant que le garçon qui signe des autographes est ma foi bien agréable à regarder. Puis, son tour arrive. Elle sort ses belles dents blanches et avec sa petite voix douce entame une discussion innocente, jusqu'au moment où - n'en pouvant plus de se retenir - un bouton de son chemisier lâche le fil et saute à la figure de son interlocuteur, très surpris par tant d'audace. Simone cache son sein comme elle peut, rouge comme une pivoine - sa couleur préférée - et s'en va en sautillant, son album sous le bras. Plus tard, elle découvrira un 06 sous la dédicace.
Je connais la suite de l'histoire, mais vous n'en saurez rien hé hé ! 
Simone joue au tiercé. Je ne connais personne d'autre qui joue au tiercé. Elle va voir Serge Lama en concert. Je ne connais personne d'autre qui va voir Serge Lama en concert. Comme Amélie Nothomb, elle aime le champagne. Je ne connais personne qui dégaine une bouteille de champagne aussi vite qu'elle. Tout est prétexte : le bac de la petite, la thèse du grand, les tomates cerises qui poussent sur son balcon, l'arrivée du printemps, une robe achetée pendant les soldes, un ongle désincarné, un accident évité, un livre aimé... Sa capacité d'émerveillement est intacte et contamine quiconque la côtoie. En entrant dans son cercle amical, on s'initie et on complète sa propre humanité. Je ne connais pas beaucoup d'autres personnes aussi généreuses et spontanées qu'elle.
Elle répète comme un mantra : "La vie est belle !", et ça marche ! Elle a un Roberto Benigni intérieur, mais une version anglaise, plus classe, et moins sonore aussi.
Simone a un prénom de personne âgée sans l'être pour autant, comme si tout indiquait chez elle - depuis le jour de sa naissance - que sa candeur ne serait jamais le fruit de son inexpérience ou d'une quelconque naïveté, mais bel et bien d'un choix de vie, d'une réflexion très élaborée et d'un coeur 5*. La sagesse d'une vieille philosophe incarnée dans une bulle de savon, plus légère que la pierre ponce.
Mon Amie, cette Normande à Paris 🐄. Un ULM ouaté dans un monde de plomb bruyant. Un îlot de bienveillance dans le mien.
Je t'aime ma Simone. 🥰