Eloge du flair

Publié le par La Zitoune

Je viens de lire un article assez cocasse sur les pheromone partys américaines. Chaque célibataire porte le même tee-shirt de coton blanc pendant trois nuits, puis se rend à une soirée avec ce vêtement chargé de l'empreinte de ses phéromones enfermé dans un sac à glissière. Les fêtards passent alors du temps à se renifler, les narines grandes ouvertes dans des sacs numérotés et étiquetés, en rose pour les femelles, en bleu pour les mâles. Ils traquent leur moitié "au pif" ; à croire que l'appétence a une odeur.

Il est scientifiquement prouvé que nous ne captons pas consciemment ces substances chimiques qui se dégagent des corps, pourtant elles jouent un rôle primordial dans l'attirance ou la répulsion entre deux personnes. La participation de l'odorat dans nos choix amoureux (et amicaux ?) est donc hyperactive.

Le nez humain peut détecter jusqu'à 10000 odeurs différentes, sans pour autant les reconnaître. Et, il paraît qu'on sent meilleur en vieillissant ; les aisselles des personnes âgées empesteraient moins que les jeunes aisselles. Etant à mi-chemin entre les deux, je m'en bats l'appendice nasal. C'est un roc ! c'est un pic ! c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule !

Si notre odeur corporelle, notre fragrance ne convient pas, il sera impossible de mener l'autre par le bout du nez ; pire, il/elle nous aura dans le nez, ne pourra pas nous sentir. L'odorat, ce sens souvent méprisé, est partie prenante de notre vie quotidienne. Les mauvaises odeurs, les relents de certains, nous repoussent, quand d'autres arômes, fumets ou effluves volatils, nous transportent de désir. Qu'on le veuille ou non, nous communiquons aussi par le nez. Rien de tel que de puer du bec ou, encore mieux, de puer de partout, pieds, orifices, oreilles, ... , pour tenir le quidam à distance, circonscrire son territoire et, ainsi, se protéger des invasions affectives. Plus on se néglige, plus les bactéries se développent, plus le risque encouru de conter fleurette se rapproche de zéro.

Aucun lien de cause à effet avec la forme ou la joliesse de notre blair. Qu'il soit aplati, épaté, grec, bossué, droit, couperosé, rond, long, aquilin, disgracieux, retroussé, en trompette, crochu, bourgeonnant, huileux, crotté, camus, fin, creux, busqué, pointu, ..., peu importe ! Quelqu'un qui fleure la marée... fleure la marée, il n'y a pas à ergoter. De même, on se fiche des caractéristiques des fosses nasales et du filtre à air des blases. Tout ça n'a rien à voir avec notre capacité à capter ou non des émanations, des exhalaisons, des pestilences, des infections, des remugles, des odeurs de renfermé, âcres, enivrantes, écoeurantes, aigres, suffocantes, rances, poivrées, sucrées, tenaces, fétides, ... A moins d'avoir perdu l'olfaction pour des raisons physiologiques - du genre d'un énorbe rhube avec le nez bouché et les sinus obstrués - quelqu'un qui emboucane le hareng fumé... emboucane le hareng fumé. C'est un fait, non une vue de l'esprit.

Certains nous prennent pour une tarte aux lardons et sa fondue d'oignons en tentant de cacher leur puanteur sous des déodorants chimiques qui sentent le détergent ou des parfums capiteux qui filent la migraine. Il est des individus qu'on aérerait et nettoierait comme une vieille maison de campagne abandonnée, de fond en comble, de la cave au grenier. A la manière d'une moquette moisie imprégnée de l'odeur du tabac et de la cuisine à l'huile, d'un slip kangourou aromatisé à la vieille pisse, ces boucs-là nous importunent, nous agressent les naseaux. C'est évidemment valable pour les chèvres malpropres, suffit de remplacer slip kangourou par string panthère.

L'odorat est un sens essentiel, il nous permet de nous rendre compte si un aliment est une daube, avant même de le goûter. C'est aussi un excellent moyen d'éviter les prédateurs, même si certains de ces loups, majoritaires, sentent très très bon ! Pensez-y la prochaine fois que vous tomberez nez à nez avec votre fringant voisin de palier ou la blonde pimpante du premier.

Lire Eloge du rangement par le vide : http://zitoune.over-blog.fr/article-eloge-du-rangement-par-le-vide-123851322.html

Engrais naturel traditionnel épandu sur un trottoir par (supposons-le) un animal peu respectueux des piétons.

Engrais naturel traditionnel épandu sur un trottoir par (supposons-le) un animal peu respectueux des piétons.

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L
Y'en a qui ont de grosses patates à la place du nez mais c'est pas ça qu'ils sentent mieux les puanteurs. Non non je ne déraille pas... J'en connais qui chlinguent tellement qu'ils ne se sentent pas. En effet, ils demandent bêtement:&quot;comment ça se fait qu'il y a tant de mouches autour de nous&quot; ?? D'autre part on peut avoir le nez fin ou encore avoir du nez et encore l'avoir dans le nez... Une vraie histoire de pif et paf !! Les nez en trompette font partie d'un orchestre et les nez busqués se sentent les genoux sans se baisser.<br /> Bon, allez, j'y vais et sans me retour-nez !!
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L
C'est quand même fou ça... ne pas se rendre compte qu'on pue... ça me laisse perplexe... beuarkkkk !!!
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L
Pouah !! Moi j'en connais deux qui embaument le bar du matin. Leur odeur de mal lavés envahit la pièce et fait fuir les clients. Heureusement, il y a une terrasse abritée et aérée. On sauve notre<br /> café ou le chocolat chaud. J'ai même vu des mouches tourner autour de l'un deux et sans se poser de questions se demande quand même ce qu'elle font là, à côté de lui. c'est beau l'inconscience,<br /> mais pitié pour les voisins quand même ... Alors ne nous pleignons pas quand on a le groin bouché !! Merci ...
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L
C'est vrai, et aussi l'odeur du fondant au chocolat :-)))
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P
Ne pas oublier que l'on s'habitue a l'odeur, bonne ou mauvaise. Un citadin ne vas plus sentir la pollution de la ville, ou du moins il sera moins sensible qu'un campagnard. ça doit aussi être vrai<br /> pour les gens que l'on cottoie toute la journée, on s'habitue.<br /> La plus belle odeur est celle des bébés (selon mon point de vue, bien sur).
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