Eloge du Petit Prince

Publié le par La Zitoune

Antoine de Saint-Exupéry est né en 1900, à Lyon (d'où le nom de l'aéroport de cette ville ; ben ouais...). Il effectue son baptême de l'air à l'âge de 12 ans, apprend à piloter à 21, obtient son brevet (pfff... de pilote ! pas des collèges), puis entre dans une compagnie aérienne chargée du transport du courrier entre la France, l'Afrique et l'Amérique du Sud. On est au début du XXe siècle, il risque sa vie à chaque vol. Ce ne sont pas les victimes du Boeing malaisien, sans doute abattu par un missile dans l'est de l'Ukraine jeudi dernier, qui vont clamer qu'aujourd'hui on risque moins sa peau en avion qu'en trottinette !

Saint-Exupéry continue sa carrière comme pilote d'essai, teste la résistance des avions pour l'armée de l'air française et, ainsi, voyage beaucoup. Il aura plusieurs accidents, dont un grave en 1935 : il s'aplatira comme une fiente dans le désert libyque, avec son mécanicien.

Trop âgé et en mauvaise santé, il n'est pas autorisé à voler pendant la Seconde Guerre mondiale. Tête de pioche, il insistera et effectuera des missions de reconnaissance des troupes ennemies. En 1944, il désobéit, multiplie les vols et s'écrase comme une vieille bouse. Molière est (presque) mort sur scène, Antoine de Saint-Exupéry est (presque) mort en l'air. Son corps n'a pas été retrouvé ; sa gourmette le sera en 1998, en Méditerranée, au large de Marseille, ainsi que l'épave de son avion en 2003.

J'ai une photographie sous le nez et je ne peux pas dire que Saint-Ex était appétissant : yeux tombants à la Séguin, gros sourcils à la Domenech, grand front à la Sarko... et pourtant, c'est le genre qu'on suivrait au bout du monde...

On connaît le pilote et surtout l'écrivain - dont les récits se situent dans le monde de l'aviation : L'Aviateur, Courrier sud, Vol de nuit (considérable succès), Terre des hommes, Pilote de guerre, ... Mais c'est Le Petit Prince - le livre le plus vendu au monde (145 millions d'exemplaires en 70 ans, dont 28 en France) et le plus traduit après la Bible (270 traductions, y compris une en latin !!) - qui surpasse tout.

Ce petit chef-d'oeuvre a été publié en 1943 aux Etats-Unis et seulement en 1946 en France. Il est l'ouvrage de littérature française le plus lu dans le monde. Dire que le romancier n'en a jamais rien su...

L'auteur de ce merveilleux conte poétique et philosophique, mal déguisé en conte pour enfants, l'a également illustré d'aquarelles colorées. L'une d'elles représente une toute petite planète envahit par trois énormes baobabs, qui font allusion aux trois puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale (pacte qui unit l'Allemagne, l'Italie et le Japon face aux Alliés).

Le narrateur est un aviateur (tiens donc) qui a dû se poser en catastrophe dans le désert du Sahara pour réparer son moteur. Le lendemain, au lever du jour, une drôle de petite voix le réveille : "S'il vous plaît... dessine-moi un mouton !". Il s'exécute mais, aucun dessin ne convenant à l'enfant, finit par dessiner une caisse en suggérant au petit prince d'y mettre le mouton qu'il veut. Celui-ci, satisfait, constate que l'animal s'est endormi. Sachez que ce petit bonhomme ne renonce jamais.

L'auteur s'adresse à l'enfant lecteur ou à l'enfant qui vit encore "à l'intérieur" du lecteur adulte. Lui et son petit prince parlent des grandes personnes comme d'êtres compliqués, superficiels, parfois absurdes, et qui ne comprennent rien à l'essentiel.

L'extraterrestre à la chevelure dorée vit sur le minuscule astéroïde B 612. Il y ramone trois volcans - dont un éteint, parce qu'on ne sait jamais... - et arrache les baobabs pour qu'ils n'envahissent pas son lieu de vie. Ayant assisté à la naissance d'une rose, il découvre que l'amour peut avoir des épines - quatre en l'occurence - et décide de quitter sa planète pour explorer les étoiles, afin de s'y faire des amis. Ainsi, il raconte ses rencontres successives, souvent décevantes, à l'aviateur.

Un chapitre = une rencontre : un monarque absolu, un vaniteux, un buveur, un businessman, un allumeur de réverbères, un vieux géographe. Sur Terre, il croise un serpent qui parle par énigmes, une fleur, l'écho dans la montagne, puis il découvre, douloureusement, que sa rose n'est pas unique. Le renard lui apprend la signification du mot "apprivoiser" (créer des liens), la profondeur de l'amitié, et lui livre un secret : "... on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux." Enfin, le petit prince rencontre un aiguilleur et un marchand de pilules.

C'est dénaturer Le Petit Prince que de vouloir le résumer. Pour savoir s'il est retourné sur sa planète, retrouver sa rose bien-aimée avec son mouton sous le bras, ou s'il est mort de soif dans le désert et dans d'atroces souffrances hé hé hé, il vous faudra le lire ou le relire. Y'a pas de mêêêêêêê !

On ne peut plus voir le petit prince sur les billets de 50 francs, mais on peut lui caresser sa joue de cire au musée Grévin depuis 2011, le regarder vivre avec le renard au Futuroscope et, depuis peu, un parc d'attractions lui est entièrement dédié dans le Haut-Rhin. Paraît aussi qu'il arrivera en 3D au cinéma en 2015. J'ai hâte.

Retrouver le petit prince au futuroscope : http://zitoune.over-blog.fr/article-escapade-au-futuroscope-80094191.html

mêêêêêêêêê !!!

mêêêêêêêêê !!!

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L
C'est sûr que les victimes du boeing malaisien ne diront plus rien, les pauvres ... Peut-être cherchent-ils un mouton !!<br /> Saint-Ex avait les yeux tombants, c'est certainement pour voir plus pès du sol... Et voillà, on est en rase-motte et on se vautre... Mais c'est du "vautrage" généreux.<br /> Paix à son âme et que les anges protègent ses ailes.
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