Les femmes parfaites

Publié le par La Zitoune

Les femmes bien rangées socialement ne comptent pas leurs heures de travail, lisent leurs messages pendant leurs congés, se liment les ongles, pensent à programmer la machine à laver le linge aux heures creuses, pointent avant la pause pipi, se taisent pour ne pas faire de vagues, rient aux blagues foireuses, parlent de leur intuition féminine, se chargent elles-mêmes mentalement, s'épilent même en hiver, n'oublient pas de sortir la poubelle, rebouchent le dentifrice, rincent et essorent l'éponge, ne ratent jamais une séance de sport, trient le linge sur le fil d'étendage, se douchent avant le petit déjeuner, maîtrisent la technique du scrapbooking, ne font jamais réchauffer le café, n'ont pas de marques de bronzage superposées, ne sortent jamais sans maquillage, savent coudre un bouton et faire un ourlet de pantalon, cuisinent un soufflé au fromage à la tenue impeccable. Elles ont un déroulé de carrière, en cohérence avec leurs études, et ne disent jamais "Putain de merde bordel de pompe à Q ça fait chier sa race ta mère la pute devant le Monop' !". Elles utilisent un saucier, un sucrier, un beurrier, un petit pot à lait et n'attendent pas six mois avant de nettoyer une chiure d'oiseau diarrhéique sur le volet du salon. Leurs plantes grasses fleurissent sans difficulté et le facteur ne glisse jamais un avis de passage dans la boîte aux lettres sans avoir préalablement sonné à la porte. Elles ne bavent pas en dormant, ne coulent pas de bronzes mais des médailles d'argent, peuvent construire des phrases longues dans un langage châtié au saut du lit et marchent en talons dans les graviers sans se tordre les chevilles. Leurs factures sont payées par prélèvement bancaire. Elles ont des lunettes de vue qui noircissent au soleil et des culottes menstruelles en coton bio. Elles s'excusent quand elles éternuent, ne frisent pas par temps humide, jettent toujours le rouleau de papier toilette vide et jamais ne le laissent pendre avec une misérable feuille pour faire genre. Elles ne partent pas du principe qu'il est inutile de repasser les vêtements puisqu'ils se défroissent d'eux-mêmes avec la chaleur du corps, à même la bête. Elles n'ont jamais de feuille de chêne coincée entre les dents de devant, sont photogéniques, y compris en pyjama pelucheux, et pètent des molécules de saccharose parfumées à la papaye, en rythme.
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Et il y a moi. 🤪

Les femmes parfaites

Publié dans Lys

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